Ainsi passe-t-on du corps intérieur et des écrans de sa vision à la figuration vibrante de masses animées, au gré de rythmes innervés par une tension sans cesse variable, visible et objective autant que discrètement insaisissable, entre le continu et le discontinu de traits-tâches-figures plus ou moins saturant la surface blanche. Le miracle, dès lors, tient à la variété (c'est aussi le mot de Deleuze et Guattari, dans "Qu'est-ce que la philosophie?" où Michaux occupe une position si forte, pour qualifier les sensations d'art rapportées du chaos). Variétés des espacements, des poussées motrices (horizontales, verticales, tournoyantes, mélangées, contrariées). Variétés d'épaisseurs entre les micro-tâches et les traits. Nostalgies da la ligne, parfois, infusions fines de couleurs. Une fois, témoignant ici pour beaucoup d'autres, un large horizon de blanc subsiste pour recueillir des filages frémissants et furieux.
Raymond Bellour sobre as tintas da china de Henri Michaux no blog de Jean-Clet Martin.